lundi 31 mai 2010

David Parenti .


David Parenti, artista e editore

Paris by Marco de Rivera


Paris by Marco de Rivera 2010

vendredi 28 mai 2010

Olivier Saillard directeur du Musée Galliera


Olivier Saillard, qui était responsable des expositions mode au Musée des Arts décoratifs depuis 2002, a été nommé directeur du Musée Galliera. Installé depuis 1977 dans un palais du XIXe, en face du Palais de Tokyo, le Musée Galliera, musée de la mode de la Ville de Paris, monte d'importantes expositions temporaires mettant en valeur un fonds d'environ cent mille pièces : des costumes du XVIIIe siècle, aux œuvres de grands couturiers contemporains. Le musée est actuellement fermé pour d'importants travaux de remise aux normes de sécurité. M. Saillard, commissaire de nombreuses expositions, dont "Histoire idéale de la mode contemporaine" jusqu'au 10 octobre aux Arts décoratifs, succède à Catherine Join-Diéterle, qui dirigeait le musée Galliera depuis 1989. Il a également été responsable des collections contemporaines au musée Galliera pendant un an et a dirigé le Musée de la mode à Marseille de 1995 à 2000.

jeudi 27 mai 2010

Catherine Ormen chez Colette ...




Le Grand Prix du Livre de Mode a été décerné à Catherine Ormen pour son ouvrage "Comment regarder… la mode, Histoire de la silhouette" aux Editions Hazan. Photos
Marco de Rivera

vendredi 21 mai 2010

Vanité...


Leur titre et leur conception sont issus de la rengaine de l’Ecclésiaste, un livre de l’Ancien Testament (Bible) : « הֲבֵל הֲבָלִים הַכֹּל הָֽבֶל » (vanité des vanités, tout est vanité). Le terme traduit par « vanité » signifie littéralement « souffle léger, vapeur éphémère ». Le message est de méditer sur la nature passagère et vaine (d’où « vanité ») de la vie humaine, l’inutilité des plaisirs du monde face à la mort qui guette. C’est en même temps un élément essentiel à l’émergence de la nature morte en tant que genre.
Photo. Marco de Rivera

jeudi 20 mai 2010

Ouroboros...


Ouroboros désigne le dessin d'un serpent ou d'un dragon qui se mord la queue. Il s'agit d'un mot de grec ancien οὐροϐóρος, latinisé sous la forme uroborus qui signifie littéralement « qui se mord la queue ».

Ce symbole apparaît souvent sous la forme d'un serpent se mordant la queue. Il représente le cycle éternel de la nature

lundi 17 mai 2010

Sophie Hong



" Dès que je porte un vêtement de Sophie Hong , je me sens à la fois princesse mandchoue à la cour de Ming et prête à découvrir les karaokés de Taïwan.
Aujourd'hui Sophie Hong vient vers nous au Palais Royal . Accueillons la , adoptons la . Je la perçois comme un subtil trait d'union entre une Chine que nous ne connaissons qu'à peine et Paris que nous croyons connaitre.
Isabelle Huppert
DP by Marco de Rivera

mardi 11 mai 2010

Marc Audibet




Photo : Marco de Rivera

Marc Audibet




Photo : Marco de Rivera

lundi 10 mai 2010

dimanche 2 mai 2010

Musée des Arts Décoratifs Histoire de la Mode Contemporaine -



Musée des Arts Décoratifs
Histoire de la Mode Contemporaine - Exposition
par Nicole Salez , lundi 19 avril 2010
Le musée des Arts décoratifs propose la première exposition sur l’histoire de la mode contemporaine à travers deux volets consécutifs. Aux décennies 70 et 80 actuellement présentées suivront les années 1990-2000, en novembre. Un concours d’écriture accompagne cette exposition.



D’abord objet d’un livre publié à l’automne dernier, « Histoire idéale de la mode contemporaine » prend une nouvelle dimension à travers deux expositions consécutives au musée des arts Décoratifs, de Paris. Aux décennies 70 et 80 actuellement présentées suivront, dans un deuxième temps, les années 90-2000 comme deux volumes d’une rétrospective historique et sélective de la mode.



Dans une scénographie qui évoque l’idée de pages d’un ouvrage éclaté, près de 150 pièces et 40 vidéos retracent cette histoire parfois oubliée. Deux défilés, deux dates clés ouvrent et ferment ce premier volet : la collection d’Yves Saint Laurent de 1971 et le défilé « les rap-pieuses » de Jean Paul Gaultier en 1990.

"Soit 20 ans de collections passés au crible du regard du musée pour retenir les modèles les plus emblématiques", annonce le musée. Me permets-je de dire que les modèles montrés ne sont, à mon avis, pas toujours si emblématiques des créateurs présentés. Par exemple, en ce qui concerne Kenzo (Kenzo Takada), Sonia Rykiel ou encore Christian Lacroix. Par contre, ce n’est pas le cas pour Yves Saint Laurent (révolutionnaire avec ses lignes épurées et son fameux smoking masculin-féminin), Madame Grès (de magnifiques robes du soir drapées sont présentées !), Thierry Mugler (Ange ou Démon dans une éblouissante inspiration ailée ?), Jean-Charles de Castelbajac (décalé, déjanté, en particulier avec cette veste réalisée avec des peluches... quand Madame met ses "doudous" sur son dos !) ou encore Jean Paul Gaultier (et ses extravagants bustiers à seins iconiques). A noter les très intéressantes vidéos des défiles des créateurs présentées dans les vitrines où sont montrés les modèles et qui permettent de les replacer dans le contexte de l’époque.

Cette exposition dont Olivier Saillard, chargé de la programmation des expositions Mode et Textile aux Arts Décoratifs, est à la fois le commissaire et le scènographe, est le résultat d’un long travail d’identification, de visionnage de photos ou de films des défilés des quarante dernières années afin de privilégier ceux dont l’inventivité et le style témoignent d’un travail d’auteur. L’histoire idéale de la mode contemporaine révèle les collections les plus magistrales ou expérimentales, des grands noms de la mode mais aussi certains créateurs plus intimes et secrets. On perçoit, d’année en année, de saison en saison, les grands changements stylistiques et les partis pris de chacun des couturiers qui entretiennent l’idée d’une création de mode de qualité.

Les années 1970

Les années 70 se caractérisent par l’étendue du phénomène « Prêt-à-porter » dont Yves Saint Laurent est la figure tutélaire. Sa collection créée en 1971, hommage aux années 1940, à la fois scandaleuse et révolutionnaire rend désuète l’image de la haute couture et sera déterminante pour l’avenir de la mode. Le terme de créateur est alors adopté pour désigner une génération de couturiers qui s’expriment dans le prêt-à-porter aux ambitions démocratiques. Des nouveaux stylistes se réunissent cette même année, sous l’appellation « Créateurs et Industriels » fondée par Didier Grumbach et Andrée Putman. Issey Miyake est un des plus brillants représentants insufflant un vent de modernité et de simplification à la mode dont le caractère novateur est aux antipodes des préoccupations occidentales de l’époque. Cacharel, Kenzo, Ter & Bantine par Chantal Thomass ou encore Dorothée Bis, expriment ce vaste élan lié à l’industrie du prêt-à-porter qui prend un essor formidable au point que tous les couturiers eux-mêmes initient des lignes plus accessibles. D’autres créateurs, comme Sonia Rykiel, très présente sur la scène de la mode depuis la fin des années 1960, ou Karl Lagerfeld pour Chloé, sont au sommet de leur expression créative.

Tous deux, influencés par les années 1930, renouvellent l’image d’une femme ultra sophistiquée, d’allure nonchalante mais ayant une réelle élégance. Madame Grès, figure singulière et d’exception, contemporaine de Madeleine Vionnet, de Mademoiselle Chanel, de Cristobal Balenciaga et de Monsieur Dior, virtuose du jersey depuis les années 1930, occupe le devant de la scène de l’essor du prêt-à-porter avec des collections, dans les années 1970, qui tranchent par l’épure. De leur côté Chantal Thomass, Dorothée Bis et Kenzo, qui poursuivent le travail de leurs aînées et pionnières Emmanuelle Khanh, Christiane Bailly et Michèle Rozier, deviennent les créateurs de mode jeune aux antipodes des anciens principes de la haute couture.

À partir de 1976, les nouvelles créations de Thierry Mugler vont clore le chapitre d’une décennie placée entre évasion et pragmatisme d’une grande jeunesse. Mugler anticipe le portrait du créateur démiurge et visionnaire des années 1980.


Les années 1980

Les années 1980 sont synonymes d’indépendance, d’autonomie de création à la fois festives et débridées. Elles se caractérisent par une liberté de ton, d’expression et d’excès, empreinte d’une créativité toujours rompue et renouvelée. Une génération de créateurs japonais s’est démarquée par l’usage de l’asymétrie de tissus froncés, déchiquetés et souvent noirs. Les collections de Rei Kawakubo pour Comme des Garçons sont des ruptures stylistiques d’une saisissante modernité qui engagent l’Occident vers un nouveau rapport au vêtement.

Yohji Yamamoto partage ce goût pour la déconstruction en formulant une vision personnelle et sensuelle de la mode qui trouve son apothéose dans les années 1990. Jean Paul Gaultier symbolise l’ère de l’insolence en contestant les conservatismes. Son travail consiste à démolir les vestiaires masculins et féminins. Il introduit des gestes de mode, une « dégaine » et une culture qui fabriquent ensemble l’esthétique de la mode de cette décennie. Thierry Mugler et Claude Montana, dans un registre spectaculaire pour le premier, théâtral pour le second, poursuivent leurs obsessions. Fantasmant la garde-robe idéale d’une femme dominatrice aux épaules carrées, surdimensionnées, à la taille étranglée, devenant le moule de la silhouette des années 1980.


Gourmande autant que généreuse, la décennie favorise l’éclosion de créateurs aux vocabulaires distincts, des plus futiles aux plus essentiels. Parmi eux, Marc Audibet et Azzedine Alaïa énumèrent une mode s’inscrivant dans la lignée des œuvres de Madeleine Vionnet ou Cristóbal Balenciaga. Roméo Gigli et Sybilla envisageront de nouveaux atours pour une femme romantique, au charme fané. Karl Lagerfeld chez Chanel en 1983, Christian Lacroix chez Jean Patou en 1981, puis dès 1987 pour lui-même, renouvellent l’industrie luxueuse de la haute couture. Ils réveillent tulles et dentelles et inaugurent un courant baroque ou historique. Popy Moreni, créatrice italienne, n’hésite pas à faire du costume de la Commedia dell’arte un vêtement quotidien. De son côté, Jean-Charles de Castelbajac inaugure les relations entre l’art et la mode. Avant que les années 1990 et 2000 n’inaugurent l’ère des monopoles de luxe auxquels appartiennent les destinées des maisons de mode, la décennie « toc et chic », souvent citée stylistiquement, demeure synonyme d’autonomie et d’indépendance créatives. En 1989, le premier défilé de Martin Margiela, porte-drapeau de l’école belge, prépare le terrain aux années 1990.


- Commissaire de l’exposition : Olivier Saillard, chargé de la programmation des expositions Mode et Textile aux Arts Décoratifs
- Scénographie : Olivier Saillard

Liste des créateurs présentés Yves Saint Laurent, Jean Muir, Grès, Issey Miyake, Sonia Rykiel, Chloé par Karl Lagerfeld, Dorothée Bis, Cacharel, Kenzo, Ter et Bantine par Chantal Thomass, Claude Montana, Thierry Mugler, Jean-Charles de Castelbajac, Popy Moreni, Yohji Yamamoto, Comme des Garçons, Marc Audibet, Anne-Marie Beretta, Roméo Gigli, Sybilla, Azzedine Alaïa, Chanel par Karl Lagerfeld, Christian Lacroix, Jean Paul Gaultier
- Exposition
par Nicole Salez , lundi 19 avril 2010
Le musée des Arts décoratifs propose la première exposition sur l’histoire de la mode contemporaine à travers deux volets consécutifs. Aux décennies 70 et 80 actuellement présentées suivront les années 1990-2000, en novembre. Un concours d’écriture accompagne cette exposition.



D’abord objet d’un livre publié à l’automne dernier, « Histoire idéale de la mode contemporaine » prend une nouvelle dimension à travers deux expositions consécutives au musée des arts Décoratifs, de Paris. Aux décennies 70 et 80 actuellement présentées suivront, dans un deuxième temps, les années 90-2000 comme deux volumes d’une rétrospective historique et sélective de la mode.


Dans une scénographie qui évoque l’idée de pages d’un ouvrage éclaté, près de 150 pièces et 40 vidéos retracent cette histoire parfois oubliée. Deux défilés, deux dates clés ouvrent et ferment ce premier volet : la collection d’Yves Saint Laurent de 1971 et le défilé « les rap-pieuses » de Jean Paul Gaultier en 1990.

"Soit 20 ans de collections passés au crible du regard du musée pour retenir les modèles les plus emblématiques", annonce le musée. Me permets-je de dire que les modèles montrés ne sont, à mon avis, pas toujours si emblématiques des créateurs présentés. Par exemple, en ce qui concerne Kenzo (Kenzo Takada), Sonia Rykiel ou encore Christian Lacroix. Par contre, ce n’est pas le cas pour Yves Saint Laurent (révolutionnaire avec ses lignes épurées et son fameux smoking masculin-féminin), Madame Grès (de magnifiques robes du soir drapées sont présentées !), Thierry Mugler (Ange ou Démon dans une éblouissante inspiration ailée ?), Jean-Charles de Castelbajac (décalé, déjanté, en particulier avec cette veste réalisée avec des peluches... quand Madame met ses "doudous" sur son dos !) ou encore Jean Paul Gaultier (et ses extravagants bustiers à seins iconiques). A noter les très intéressantes vidéos des défiles des créateurs présentées dans les vitrines où sont montrés les modèles et qui permettent de les replacer dans le contexte de l’époque.

Cette exposition dont Olivier Saillard, chargé de la programmation des expositions Mode et Textile aux Arts Décoratifs, est à la fois le commissaire et le scènographe, est le résultat d’un long travail d’identification, de visionnage de photos ou de films des défilés des quarante dernières années afin de privilégier ceux dont l’inventivité et le style témoignent d’un travail d’auteur. L’histoire idéale de la mode contemporaine révèle les collections les plus magistrales ou expérimentales, des grands noms de la mode mais aussi certains créateurs plus intimes et secrets. On perçoit, d’année en année, de saison en saison, les grands changements stylistiques et les partis pris de chacun des couturiers qui entretiennent l’idée d’une création de mode de qualité.


Les années 1970

Les années 70 se caractérisent par l’étendue du phénomène « Prêt-à-porter » dont Yves Saint Laurent est la figure tutélaire. Sa collection créée en 1971, hommage aux années 1940, à la fois scandaleuse et révolutionnaire rend désuète l’image de la haute couture et sera déterminante pour l’avenir de la mode. Le terme de créateur est alors adopté pour désigner une génération de couturiers qui s’expriment dans le prêt-à-porter aux ambitions démocratiques. Des nouveaux stylistes se réunissent cette même année, sous l’appellation « Créateurs et Industriels » fondée par Didier Grumbach et Andrée Putman. Issey Miyake est un des plus brillants représentants insufflant un vent de modernité et de simplification à la mode dont le caractère novateur est aux antipodes des préoccupations occidentales de l’époque. Cacharel, Kenzo, Ter & Bantine par Chantal Thomass ou encore Dorothée Bis, expriment ce vaste élan lié à l’industrie du prêt-à-porter qui prend un essor formidable au point que tous les couturiers eux-mêmes initient des lignes plus accessibles. D’autres créateurs, comme Sonia Rykiel, très présente sur la scène de la mode depuis la fin des années 1960, ou Karl Lagerfeld pour Chloé, sont au sommet de leur expression créative.

Tous deux, influencés par les années 1930, renouvellent l’image d’une femme ultra sophistiquée, d’allure nonchalante mais ayant une réelle élégance. Madame Grès, figure singulière et d’exception, contemporaine de Madeleine Vionnet, de Mademoiselle Chanel, de Cristobal Balenciaga et de Monsieur Dior, virtuose du jersey depuis les années 1930, occupe le devant de la scène de l’essor du prêt-à-porter avec des collections, dans les années 1970, qui tranchent par l’épure. De leur côté Chantal Thomass, Dorothée Bis et Kenzo, qui poursuivent le travail de leurs aînées et pionnières Emmanuelle Khanh, Christiane Bailly et Michèle Rozier, deviennent les créateurs de mode jeune aux antipodes des anciens principes de la haute couture.

À partir de 1976, les nouvelles créations de Thierry Mugler vont clore le chapitre d’une décennie placée entre évasion et pragmatisme d’une grande jeunesse. Mugler anticipe le portrait du créateur démiurge et visionnaire des années 1980.


Les années 1980

Les années 1980 sont synonymes d’indépendance, d’autonomie de création à la fois festives et débridées. Elles se caractérisent par une liberté de ton, d’expression et d’excès, empreinte d’une créativité toujours rompue et renouvelée. Une génération de créateurs japonais s’est démarquée par l’usage de l’asymétrie de tissus froncés, déchiquetés et souvent noirs. Les collections de Rei Kawakubo pour Comme des Garçons sont des ruptures stylistiques d’une saisissante modernité qui engagent l’Occident vers un nouveau rapport au vêtement.

Yohji Yamamoto partage ce goût pour la déconstruction en formulant une vision personnelle et sensuelle de la mode qui trouve son apothéose dans les années 1990. Jean Paul Gaultier symbolise l’ère de l’insolence en contestant les conservatismes. Son travail consiste à démolir les vestiaires masculins et féminins. Il introduit des gestes de mode, une « dégaine » et une culture qui fabriquent ensemble l’esthétique de la mode de cette décennie. Thierry Mugler et Claude Montana, dans un registre spectaculaire pour le premier, théâtral pour le second, poursuivent leurs obsessions. Fantasmant la garde-robe idéale d’une femme dominatrice aux épaules carrées, surdimensionnées, à la taille étranglée, devenant le moule de la silhouette des années 1980.


Gourmande autant que généreuse, la décennie favorise l’éclosion de créateurs aux vocabulaires distincts, des plus futiles aux plus essentiels. Parmi eux, Marc Audibet et Azzedine Alaïa énumèrent une mode s’inscrivant dans la lignée des œuvres de Madeleine Vionnet ou Cristóbal Balenciaga. Roméo Gigli et Sybilla envisageront de nouveaux atours pour une femme romantique, au charme fané. Karl Lagerfeld chez Chanel en 1983, Christian Lacroix chez Jean Patou en 1981, puis dès 1987 pour lui-même, renouvellent l’industrie luxueuse de la haute couture. Ils réveillent tulles et dentelles et inaugurent un courant baroque ou historique. Popy Moreni, créatrice italienne, n’hésite pas à faire du costume de la Commedia dell’arte un vêtement quotidien. De son côté, Jean-Charles de Castelbajac inaugure les relations entre l’art et la mode. Avant que les années 1990 et 2000 n’inaugurent l’ère des monopoles de luxe auxquels appartiennent les destinées des maisons de mode, la décennie « toc et chic », souvent citée stylistiquement, demeure synonyme d’autonomie et d’indépendance créatives. En 1989, le premier défilé de Martin Margiela, porte-drapeau de l’école belge, prépare le terrain aux années 1990.


- Commissaire de l’exposition : Olivier Saillard, chargé de la programmation des expositions Mode et Textile aux Arts Décoratifs
- Scénographie : Olivier Saillard

Liste des créateurs présentés Yves Saint Laurent, Jean Muir, Grès, Issey Miyake, Sonia Rykiel, Chloé par Karl Lagerfeld, Dorothée Bis, Cacharel, Kenzo, Ter et Bantine par Chantal Thomass, Claude Montana, Thierry Mugler, Jean-Charles de Castelbajac, Popy Moreni, Yohji Yamamoto, Comme des Garçons, Marc Audibet, Anne-Marie Beretta, Roméo Gigli, Sybilla, Azzedine Alaïa, Chanel par Karl Lagerfeld, Christian Lacroix, Jean Paul Gaultier
Nicole Salez /www.toutpourlesfemmes.com

samedi 1 mai 2010

Olivier Saillard / Blast


En charge de la programmation des prestigieux Arts-Déco du Louvre, Olivier Saillard est à la mode ce que la mode est à l’hiver : le meilleur moyen de passer la saison. Somme érudite d’une légèreté addictive, son Histoire idéale de la mode contemporaine signe une tenace revanche de l’éphémère sur le “prêt-à-jeter”.

Parler d’histoire de la mode est-il intrinsèquement contradictoire ?
Il est vrai que pendant longtemps les gens de la mode avaient peur de citer le mot “histoire”. C’était un terme figé, solennel, poussiéreux. Or depuis les dernières années, les dirigeants ont commencé à parler de l’ADN d’une marque, comme des criminologues… Ce qui est très inquiétant. Avant, on aurait parlé d’âme, de sang neuf ou d’esprit. Tout cela montre bien qu’ils se sont réconciliés avec le patrimoine des maisons, qu’ils s’acharnent à faire revivre le passé des maisons, mais en le niant. Quand on est sur style.com, madamefigaro.com ou vogue.com, on trouve simultanément, dès que les défilés se terminent, les collections de tout le monde. Je m’étais amusé à compter dans une saison le nombre de passages. C’est vertigineux. On peut se demander pourquoi, alors que la terre se réchauffe, on a autant besoin de vêtements ! Et tout est archivé jusqu’en 2000. Après, plus rien. Plus on avance, moins la mémoire va au-delà des années 2000. L’idée de ce livre est venue du fait que l’on se parle très régulièrement, dans le milieu de la mode, de collections mythiques de Saint Laurent ou de Gaultier dont on n’a plus trace.

Peut-on parler de mémoire quand on garde tout ?
Les maisons elles-mêmes n’ont pas forcément tout. Ce qu’il reste des débuts de Martin Margiela est un peu maigre. Pour le reste, on retrouvera tout sur Internet à condition que les serveurs fassent leur travail. C’est assez étrange : il y a trop de mémoire simultanée momentanément. Ensuite, ça disparaît, jusqu’à ce qu’un réassortiment du goût permette d’y voir plus clair.

Croyez-vous en la mode ?
Je crois aux créateurs. Toutes les marques lancées dans un “mécanisme de marque” ont tué à dix, vingt ans près, ce qu’elles étaient. J’en parlais récemment avec Marc Audibet, qui avait une marque très importante dans les années 80, et assez fondamentale dans l’histoire de la mode, et qui a ensuite travaillé chez Prada, qui a été un homme de l’ombre de beaucoup de marques… On se disait que l’exercice auquel s’adonnaient les créateurs avec les codes de chaque marque était très récent. Passé le règne hégémonique des groupes de luxe consistant à faire du Dior en pied-de-poule ou du Chanel avec des doubles C, rien ne dit que cet exercice de style ne disparaîtra pas. Le plus réconciliant avec cette méthode est sans doute Nicolas Ghesquière, qui tantôt va chercher du côté de Balenciaga, tantôt devient le véritable auteur de sa mode.

Qu’est-ce que la mode vous raconte ?
Je parlerais davantage du vêtement, au-delà de la mode, ce que j’ai longtemps voulu ignorer. Je trouvais que la mode était une discipline vivante, un spectacle, quelques défilés étaient un condensé d’énergie assez exaltant par rapport à d’autres disciplines, mais j’aime aussi bien la mode quand elle n’est pas portée. J’aime la réalité du vêtement quand il arrive au musée, dans les fripes, dans un magasin. Plein de collections n’ont pas de vie en dehors du podium. Ça me déplaît un peu, même s’il y a de très beaux gestes de défilés qui ont été importants sur la seule question du défilé. C’est pour ça que j’aime Comme des garçons : au-delà de sa recherche conceptuelle radicale, Rei Kawakubo ne perd jamais de vue qu’elle fait un vêtement.

Quel serait, selon vous, le moyen de sortir par le haut d’une pleine logique de marque ?
Je pense surtout au système de distribution, qui est assez figé, selon une cartographie d’architecture presque totalitaire où chaque capitale a son bâtiment signé Herzog & de Meuron. Et je trouverais plutôt noble et assez élégant que Prada soutienne des gens en les associant à leur marque pour des collections autonomes, comme avec Watanabe ou Tao, qui ont revitalisé la propre création de Kawakubo. On n’a pas forcément besoin de cinq étages de fringues en nom propre. Et les vêtements sont trop chers. Le prêt-à-porter a perdu de vue l’idée d’habiller la rue. Est-ce vraiment son rôle ? Je dis ça parce que les dirigeants se posent beaucoup de questions sur la réussite de leur entreprise ! Or, sans vouloir rentrer dans ce discours, il est vrai que H&M ou Zara, par rapport à une mode quotidienne, font des choses très correctes. Quand je me rends chez d’autres créateurs, je n’ai pas l’impression que ce soit très différent.

Vous avez déjà imaginé travailler en maison ?
L’ambiance d’une maison de couture est atroce ! Cette vie sous le bocal où chacun parle de l’autre… En revanche, j’ai aimé rencontrer les créateurs, comme Lacroix ou Marc Audibet… Ou Issey Miyake, que j’ai adoré rencontrer quand j’étais au Japon, qui éclaire tout à coup sur la notion de création. Et j’ai un très bon souvenir de Karl Lagerfeld, à l’époque où je travaillais sur l’expo Chanel au Metropolitan Museum. C’est quelqu’un d’habité, d’articulé.

Contrairement à ce qu’il est convenu d’observer, votre livre revient sur de très belles années 90…
Les gens ont une très mauvaise analyse. La création d’une décennie à l’autre est toujours plutôt bonne, et favorise toujours des gens très différents, ce qui était peut-être moins vrai dans les années 30 et 40, où tout le monde faisait peu ou prou la même chose.
Depuis les années 80, il existe une véritable variété de styles, d’écoles : l’école anglaise, japonaise, belge… Et la fin des années 90 a vu émerger Hussein Chalayan ou Viktor & Rolf… Finalement, le minimalisme des années 90 était peu de chose au regard de la foison de propositions. Vous savez, j’étais sceptique en revoyant mon propre livre. Je me disais : tant d’idées qu’on ne voit pas dans la rue ! Tant de bonnes choses oubliées en trois mois ! Le paradoxe étant qu’avec la H&Misation du monde, les gens sont plus à la mode qu’auparavant…

Face à cette standardisation que vous décrivez, il y a tout de même de jeunes créateurs dont on parle beaucoup en ce moment. Que pensez-vous, par exemple, de Romain Kremer ?
Je l’aime bien. C’est important qu’il y ait toujours un créateur qui pousse la limite entre le portable et l’expérimentation. Néanmoins, je ne pourrais pas m’habiller en Romain Kremer… Remarquez… Je ne peux pas regarder un défilé Christian Dior
et me dire que je peux porter la grande robe ! Quoique… (Rires)
Après, c’est ça : comment vivre de ce système ? Il n’y a plus de magasins multimarques. Et à terme, si le vêtement n’est pas consommé… Sur cette question, il faudrait interroger les Belges. Ann Demeulemeester, Dries Van Noten, ou Martin Margiela avant qu’il ne soit racheté, étaient indépendants mais avec une exigence sur le vêtement. Les Français ont beaucoup mis ça de côté. Les Anglais aussi. Ils devraient créer moins, mais mieux. Une collection de dix vêtements peut suffire.

Alexis Mabille ?
Au début, je ne comprenais pas cette idée “jolie madame”, mais quand la réussite est manifeste, comme chez lui, cela implique qu’on s’y intéresse. Il est en train de démontrer que sa mode peut exister. Il a commencé comme un petit artisan, avec un grand sens de l’entreprise. Créativement, ça ne m’intéresse pas forcément mais après tout.

Pourquoi avoir mis de côté, pour votre livre, la mode masculine ?
Même si la mode masculine est beaucoup plus réjouissante depuis les années 90, c’est un secteur qui a mis pas mal de temps à se mobiliser, à se renouveler, et qui fonctionne toujours autour d’une garde-robe un peu commune : le costume. Je ne vois rien d’autre qu’un costume, ou alors des jeans et des t-shirts mous. Quand on sort de ces chemins-là, ce sont des épiphénomènes. Mais il ne faut pas le regretter ! C’est même plutôt réjouissant… C’est la raison pour laquelle la mode féminine pose toujours un peu problème. À part chez Yves Saint Laurent, elle n’a pas toujours su imposer des classiques. Porter un costume, c’est formidable… Alors qu’en jogging, on se fait tout de suite arrêter à la douane ! Il existe des solutions purement pratiques qui n’invalident pas le propos de mode.

Comment vous habillez-vous d’ordinaire ?
J’aime porter une chemise de mon père qui date d’il y a au moins vingt ans… Un pantalon Marni… Sinon, je porte beaucoup de Dries Van Noten. Sur un exemple de mode plus fantaisiste, Dries a bien compris qu’il faut parfois se fondre un peu dans un inconscient collectif vestimentaire pour l’emmener ailleurs. Je n’ai jamais regretté que la mode masculine soit monolithique : je pense simplement qu’elle a trouvé ce qu’elle était. Une de celles qui en parlent le mieux, c’est Véronique Nichanian chez Hermès. Il n’y a qu’à voir : les cosmocorps de Pierre Cardin ou les robes du soir unisexes de Jacques Esterel n’ont pas marché… En revanche, on devrait évoquer tout ce qui est street ou hiphop. Car certains garçons, dans le genre, sont vraiment très élégants.

Histoire idéale de la mode contemporaine. Les plus beaux défilés de 1970 à nos jours. Éditions Textuel
http://www.blast.fr/ Olivier Saillard photographed by Ronan Merot