mercredi 28 avril 2010

Le charme explosif des 80’s. Connaissance des Arts


Il y a d’abord eu le livre d’Olivier Saillard, Histoire idéale de la mode contemporaine, paru l’année dernière. Voici maintenant l’exposition, ou du moins le premier volet d’une manifestation conçue en diptyque.
Consacré aux décennies 70 et 80, ce premier volet s’ouvre sur la présentation de la collection d’Yves Saint Laurent en 1971. Véritable hommage aux années 1940, elle avait alors été vertement accueillie. On en perçoit aujourd’hui toute la richesse annonciatrice de nouvelles tendances. L’exposition se conclut, provisoirement, avec les insolentes « rap-pieuses » lancées à l’assaut du podium par Jean-Paul Gaultier en 1990. Entre les deux « défilent » littéralement, à travers cent cinquante de leurs créations mais aussi de nombreuses vidéos, tous les grands noms de la période, du puriste Issey Miyake au visionnaire Thierry Mugler. En passant par la femme ultra-sophistiquée vue par Rykiel ou Lagerfeld (pour Chloé) ou les créations asymétriques et déconstruites de Rei Kawabuko pour Comme des Garçons. Mais ce panorama met également en lumière des créateurs plus secrets, tel Marc Audibet qui s’imposa en à peine neuf défilés. Au fil de ce parcours « idéal », le vent simplificateur du prêt-à-porter rencontre la bourrasque baroque des fantasmes les plus ébouriffés.
Connaissance des Arts
Photo : MARC AUDIBET

vendredi 23 avril 2010

vendredi 2 avril 2010

jeudi 1 avril 2010

Marc Audibet


Il n’aura pas fallu plus de huit défilés à Marc Audibet pour se faire un nom. Il appartient à cette famille de créateurs dont le travail, au compte goutte, à force de précision et de responsabilité est regardé un jour par qui se préoccupe de création. Il est non seulement à la croisée des chemins des années 1980 mais il les dirige, en indiquant et préparant le terrain à plusieurs générations de créateurs, qui de Sybilla à Helmut Lang, de Jill Sander à Raf Simons privilégieront l’essentiel à l’effet. De l’automne hiver 1984-85 à l’été 1988, Marc Audibet dicte avec la concision d’un sémiologue, un lexique de mode qui fait fi des renouvellements saisonniers, des engouements mort-nés et les combat. Soucieux de faire parler la matière avant le dessin , le créateur qui a fait ses armes chez Ungaro et Cerruti, est à la naissance d’une des plus innovantes découvertes vestimentaires de la seconde moitié du XXe siècle. Il élargit la notion d’élasticité à des tissages classiques et convertit les gabardines, les crêpes, la mousseline ou le satin aux vertus du stretch. (…) La présentation de la collection automne hiver 1986-87 est un exercice virtuose sur fond de musique répétitive. Sans entrave, les vêtements qui ont perdu leurs coutures, se drapent avec naturel et nonchalance. Audibet excelle dans les disproportions harmonieuses. Une manche trop large, un dos cuillère susurrent leur différence plus qu’ils ne les crient. Ce rien qui fait toute la différence et que Audibet manipule avec la dextérité des plus grands, modélise un vêtement au delà des modes. (…) Le créateur a potentiellement inventé l’équivalent au costume ethnique : un vêtement urbain et moderne ce vers quoi hélas la mode essaie de ne pas tendre pour ne pas disparaître.

Musée des Arts Décoratifs
107, rue de Rivoli
75001 Paris
33/ (0)1 44 55 57 50
Tuileries/ Palais royal (Ligne 1)