jeudi 1 avril 2010

Marc Audibet


Il n’aura pas fallu plus de huit défilés à Marc Audibet pour se faire un nom. Il appartient à cette famille de créateurs dont le travail, au compte goutte, à force de précision et de responsabilité est regardé un jour par qui se préoccupe de création. Il est non seulement à la croisée des chemins des années 1980 mais il les dirige, en indiquant et préparant le terrain à plusieurs générations de créateurs, qui de Sybilla à Helmut Lang, de Jill Sander à Raf Simons privilégieront l’essentiel à l’effet. De l’automne hiver 1984-85 à l’été 1988, Marc Audibet dicte avec la concision d’un sémiologue, un lexique de mode qui fait fi des renouvellements saisonniers, des engouements mort-nés et les combat. Soucieux de faire parler la matière avant le dessin , le créateur qui a fait ses armes chez Ungaro et Cerruti, est à la naissance d’une des plus innovantes découvertes vestimentaires de la seconde moitié du XXe siècle. Il élargit la notion d’élasticité à des tissages classiques et convertit les gabardines, les crêpes, la mousseline ou le satin aux vertus du stretch. (…) La présentation de la collection automne hiver 1986-87 est un exercice virtuose sur fond de musique répétitive. Sans entrave, les vêtements qui ont perdu leurs coutures, se drapent avec naturel et nonchalance. Audibet excelle dans les disproportions harmonieuses. Une manche trop large, un dos cuillère susurrent leur différence plus qu’ils ne les crient. Ce rien qui fait toute la différence et que Audibet manipule avec la dextérité des plus grands, modélise un vêtement au delà des modes. (…) Le créateur a potentiellement inventé l’équivalent au costume ethnique : un vêtement urbain et moderne ce vers quoi hélas la mode essaie de ne pas tendre pour ne pas disparaître.

Musée des Arts Décoratifs
107, rue de Rivoli
75001 Paris
33/ (0)1 44 55 57 50
Tuileries/ Palais royal (Ligne 1)

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