La peintre et cinéaste iranienne Mitra Farahani a été arrêtée à sa descente d’avion en Iran le 17 juin 2009, elle est depuis retenue en détention. Née en 1975 à Téhéran, passionnée et passionnante, elle est de ces artistes iraniens qui prennent des risques et vont jusqu’au bout de leur engagement pour faire avancer les choses dans leur pays.
Le pouvoir lui reproche notamment un documentaire sur l’amour et la sexualité en Iran réalisé en 2004 et sélectionné à la Berlinale. Tabous est immédiatement interdit à sa sortie, mais circule illégalement dans le pays et connaît un vrai succès clandestin. Un très beau film construit sur les confidences libres d’hommes et de femmes iraniens issus de tous les milieux sociaux en même temps qu’un véritable brûlot sur la manière dont ce peuple vit sa sexualité.
Il révèle le double visage d’une société prisonnière de son obsession pour la pureté, mais dont la morale religieuse, érigée en raison d’État, n’empêche pas l’amour et le désir de trouver un chemin détourné, de se faufiler au travers des interdits. Les gens sont obligés de vivre toute leur dimension érotique dans une ombre absolue.
Les nombreux témoignages pointent ces contradictions, cette quasi-schizophrénie : un chirurgien qui restaure l’hymen de ses patientes, des jeunes qui célèbrent un mariage temporaire pour pouvoir faire l’amour, des prostituées qui estiment rester « pures » en pratiquant la sodomie, et cette jeune femme voilée, cigarette aux lèvres qui raconte d’une voix douce : « J’ai pensé à faire l’amour dès l’âge de 12 ans. Je passais des heures à penser au sexe. »
Ses amis comprennent mal pourquoi la belle Mitra est allée se jeter dans la gueule du loup, sachant en plus que trois de ses collaborateurs sur Tabous ont aussi été arrêtés en 2007, elle aurait pu rester plus prudente. Exilée depuis trop longtemps en France, son pays lui manquait beaucoup…
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