mercredi 22 avril 2009
Didier Eribon analyse le rapport à l’amour et à l’amitié
A l’occasion d’une relecture des Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes, Didier Eribon analyse le rapport à l’amour et à l’amitié.
Didier Eribon fut frappé par le geste politique et théorique qui sous-tend cette mise en scène du sentiment amoureux : une volonté de résister au freudo-marxisme qui régnait dans les milieux de la gauche intellectuelle de l’aprèsmai 1968, mais plus généralement, d’échapper à l’emprise de la psychanalyse. Ne trouve t-on pas un projet rigoureusement identique chez Foucault lorsqu’il publie, à peu près au même moment, le premier volume de son Histoire de la sexualité ?
L’amour chez l’un, le « corps et les plaisirs » chez l’autre, l’amitié chez les deux, deviennent les vecteurs d’une réflexion sur les possibilités de s’inventer soi-même et sur les moyens de fonder une éthique et une politique de la subjectivation, débarassées de la conceptualité analytique et du rôle de frein à l’innovation que celle-ci ne cesse de jouer.
A un moment où, dans le sillage de la théorie queer, la pensée radicale se tourne à nouveau vers la psychanalyse, Didier Eribon se propose ici, dans ce texte bref qui pourrait avoir valeur de manifeste, de réactiver au contraire le mouvement de fuite à l’égard de cette dernière qui a caractérisé la philosophie subversive des années 1970.
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