mercredi 11 mars 2009

Bess Nielsen


Bess Nielsen ou le textile respectueux de l'environnement

Depuis dix ans, la créatrice fait travailler les artisans de différents Etats du sous-continent indien. Ses écharpes, vêtements et articles pour la maison sont aussi exclusifs que respectueux de l'environnement.
Bess Nielsen est tombée très jeune sous le charme de l'artisanat textile de l'Inde.


Connue des rédactrices de mode et des bobos parisiens, la marque Khadi and Co signe des produits aussi exclusifs que respectueux de l'environnement. Leur créatrice, Bess Nielsen, Danoise installée à Paris depuis trente ans, préfère l'adjectif « naturel » à celui de « bio » pour caractériser ses tissus nés de l'artisanat indien. Khadi and Co fait référence à ces longues étoffes de cotonnade légère ou en laine tissées à la main. Portées en vêtements, elles servent aussi de balluchons, et les plus pauvres les utilisent comme des nattes, pour dormir. Ghandi en avait fait un des symboles de l'identité indienne. Native de Copenhague, où elle s'est formée aux beaux-arts, Bess est tombée très jeune sous le charme de l'Inde, sa philosophie et la richesse de son artisanat textile. « C'est, avec le Japon, le pays qui, malgré les vagues d'envahisseurs successives, a su le mieux préserver ses savoir-faire ». Depuis dix ans, la créatrice, qui a notamment travaillé pour Kenzo après avoir été mannequin, a engagé une démarche de travail équitable avec les artisans de différents Etats du sous-continent. Le Bengale occidental et le Kerala pour le coton, où elle fait travailler les tisserands de trois villages dont elle achète l'intégralité de la production, les pentes de l'Himalaya pour la laine de chèvre, mais aussi le Laddak pour les fins pashmina, ou le désert de Thar pour le poil de chameau. « Cultivé sans aucun pesticide ni engrais, notre coton est naturellement bio. Quant aux chèvres, elles vivent en totale liberté dans les montagnes. »

Ouvert en 2007, son Emporium du Marais à Paris propose étoles, écharpes, linge de table ainsi que des vêtements dans le style traditionnel indien, vestes, kurtas en voile léger blanc ou pastel, madras, soies brodées, le tout à des prix compris entre 85 et 320 euros pour les écharpes et khadi et jusqu'à 1.300 euros pour les étoles en pashmina. Elle y ajoute maintenant des accessoires pour la maison, poterie, tapis et nattes en fibre de banane, travaillée au crochet ou tissée avec des fils de coton. Cette nouvelle activité emploie 250 femmes du Bihar, un des Etats les plus pauvres d'Inde, qui reçoivent en plus d'un salaire une contribution servant à financer la construction d'écoles.
Savoir-faire ancestraux

En cette fin d'hiver, Bess Nielsen a hâte de connaître le résultat de la tonte des moutons et des chèvres. Travailler avec les artisans indiens lui a appris la patience. Pièces de tissu et vêtements arrivent au compte-gouttes. « Il faut savoir attendre. Nous dépendons des aléas de l'agriculture. Un tisserand ne peut pas faire plus de 20 centimètres de khadi par jour », explique-t-elle. De l'écru au marron foncé, les fibres de laine et de soie conservent leurs teintes naturelles, tandis que, pour le coton, on utilise des teintures à l'indigo ou au murex, le mollusque dont les Phéniciens tiraient la pourpre. Mais Bess Nielsen ne se contente pas de préserver les savoir-faire ancestraux de ses fournisseurs. Ses créations se distinguent du travail traditionnel par de subtils détails devenus leurs marques de fabrique, comme les fines rayures qui bordent le khadi « à la manière d'un cadre, c'est mon côté rigoriste nordique » dit-elle, ces associations de couleurs froides - bleu ciel et gris - ou encore ces fils de teintes différentes pour la chaîne et la trame du tissu - blanc et gris ou gris et rouge - qui donnent un fini délavé.

Si le bouche-à-oreille a fait connaître Khadi and Co à Milan, Londres et New York, la marque reste confidentielle. Et c'est très bien ainsi. « Il ne peut en être autrement. Il m'a fallu cinq ans pour trouver les bons tisserands. Khadi n'a de sens que si l'entreprise conserve sa dimension artisanale », explique la fondatrice.
VALÉRIE LEBOUCQ, Les Echos

Khadi and Co, 37, rue Debelleyme, 75003 Paris. Ouvert au public du mercredi au samedi de 11 à 19 heures.

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