vendredi 20 janvier 2023
dimanche 17 juillet 2022
Marco de Rivera - Interview
Interview de Monsieur Marco de RiveraParis, juillet 2022
Les défilés prestigieux de la Fashion Week Haute Couture et du Prêt à Porter viennent de s’achever à Paris cette semaine. Le calme retombe sur tous les lieux investis par modèles, équipes, organisateurs et publics. C’est le moment d’aller découvrir ceux que l’on voit peu mais qui sont bien présents et agissant, avant, pendant et après ces moments de stress, d’émerveillement et d’excitation.
Parmi ces professionnels essentiels qui se tiennent dans l’ombre, derrière les projecteurs, Marco de Rivera, dont la bienveillance et la silhouette élégante sont connues et reconnues par l’ensemble du monde parisien de la Mode, professionnels, journalistes et parisiennes des « front row », a accepté de répondre à nos questions même un peu personnelles.
Marco, en quelques mots, aidez-nous à choisir ce qu’il nous faut retenir de cette saison…
A retenir cette saison, selon moi, c’est d’abord, le retour aux « vrais » défilés qui ont presque tous ont eu lieu en présentiel avec leur public, leur podium, leurs modèles et leurs équipes en « back stage » puis en « showroom ». Je pense que cela a été réconfortant de retrouver ces moments, que c’était important pour les professionnels de revoir leurs clientèles et d’échanger avec leurs acheteurs. Important aussi pour Paris, Capitale de la création, de renouer avec l’excitation et l’émulation de ces journées exceptionnelles.
Ensuite, comme toujours la Haute Couture nous a permis de faire des découvertes de nouveaux talents comme ceux des créateurs espagnols. Présents à Paris pour la première fois avec une vraie identité, une personnalité, des tenues élégantes et ces savoir-faire techniques requis pour figurer dans le prestigieux calendrier. Sans oublier ceux que l’on connaît déjà avec beaucoup de très belles propositions, innovantes et élégantes ou surprenantes, comme chez Schiaparelli, Balenciaga, … ou de jeunes talents du calendrier off.
En quoi consiste votre rôle auprès des créateurs ?
Mon rôle n’est pas évident à résumer car il est multiforme. J’ai exercé ce rôle auprès de différents créateurs ou créatrices et ma mission n’est pas exactement la même avec tous. Je dois m’adapter à chaque personnalité que je conseille, à son travail, à ses besoins, à ses demandes. C’est cela qui est passionnant et, croyez-moi, depuis 30 ans, je ne m’en lasse pas !
Disons que je me tiens auprès du créateur pour l’aider et le conseiller dans différents domaines de son action. On peut me qualifier de conseiller artistique et de conseiller stratégique. Ce qui signifie que je cherche à composer aux côtés du créateur une cohérence esthétique et visuelle à chaque collection dès sa conception, pour préparer sa visualisation, sa commercialisation et sa présentation.
Je suis également concerné par la stratégie car je pense qu’il est essentiel pour une marque, une maison, de savoir comment elle se situe sur le marché, qui sont ses concurrents, à quelle clientèle elle s’adresse… Répondre à toutes ces questions est le résultat d’échanges, voire de débats constants avec le créateur dans un examen soigné de son positionnement, de son projet et une analyse précise de ses ambitions. Ma mission consiste aussi souvent à concrétiser ce qui n’est même pas exprimé par l’artiste, en l’éclairant, en le rassurant. Et ce n’est pas la moindre de mes fonctions !
Il nous faut sans cesse être sur la brèche pour surveiller ce qui se fait ou ne se fait plus, comprendre ce qui se passe ailleurs, comment la mode évolue. La réflexion stratégique n’est pas une science exacte mais l’évaluation et la préparation d’une dynamique au sein d’un milieu lui-même en perpétuel mouvement, c’est donc une mise au point subtile et constante.
Avez-vous mission de participer à la préparation de grands moments des défilés ?
Bien entendu, car l’image d’une maison vient surtout de ses défilés d’où les soins infinis nécessaires bien en amont. Les grands défilés des années 80 et 90 auxquels j’ai participé, comme ceux de Marc Audibet à la découverte d’un nouvel esthétisme, ont marqué cette époque et continuent de nous influencer tous. Ils m’ont appris combien ces prestations, dont la durée est passée d’une heure à 15 minutes, exigent toujours de préparation acharnée, de travail intensif six mois au moins avant la date fatidique.
En amont de ces 15 minutes, une équipe de 200 à 80 personnes, selon les maisons, est au travail dans une grande tension car le moindre petit problème peut gâcher l’ensemble de la prestation. J’interviens donc comme un chef d’orchestre, afin que chacun à sa place puisse interpréter avec harmonie la partition du créateur. Cela impose de générer avec le créateur puis de faire vivre une alchimie entre tous les métiers et les spécialistes intervenant dans les défilés. Vous le savez, casting, maquillage et coiffure des modèles, lumières, musique, accès des photographes, cadre et accueil de la clientèle, tout cela intervient dans l’image de la maison. Or, chacune possède son identité et ses rites intimes.
Avez-vous travaillé plutôt pour des maisons françaises ou des créateurs étrangers ?
J’ai eu et j’ai encore la chance de faire les deux depuis toujours. Cela aussi est passionnant. N’oublions jamais que la mode parisienne a été et continue d’être faite par de nombreux créateurs étrangers, venus pour les irremplaçables savoir-faire et ateliers présents ici. Ils construisent, depuis Worth en 1887, le « chic parisien ». Originaire d’Amérique centrale et vis depuis quarante ans à Paris, cela m’a permis de bénéficier d’une vision « transversale » du monde de la Mode, de son extrême originalité. J’y ai appris mon métier en rencontrant des personnalités exceptionnelles, je participe intensément aux échanges culturels, esthétiques, économiques et amicaux, je suis conscient aussi des coutumes et travers de ce milieu.
Devenu moi-même parisien, je défends la place incomparable de Paris dans le mode de plus en plus international de la Mode. Pour les maisons étrangères qui viennent, il importe de les aider à s’intégrer au milieu parisien, de les conseiller pour qu’elles soient reconnues par les institutions professionnelles, pour travailler au mieux dans cette ville extraordinaire accueillante et créative, mais concrètement difficile à déchiffrer pour certains.
J’ai eu aussi l’opportunité d’organiser des défilés importants dans d’autres pays, comme la Corée avec Lee Yung Hee, le Japon avec Marc Audibet, mais aussi Hong Kong avec Vanina Vespérini ou encore Berlin, la Californie, le Pakistan…. Dans chacun de ces pays, quand nous arrivons, le label Paris nous accompagne avec tout le prestige qu’il offre à l’étranger. Nous devons donc nous montrer à la hauteur et c’est formidablement stimulant !
mardi 7 septembre 2021
mercredi 7 juillet 2021
mercredi 27 janvier 2021
jeudi 12 novembre 2020
La fabrique de la démocratie par Lyne Cohen-Solal
La fabrique de la démocratie
La démocratie, ce système de gouvernement imaginé, dit-on, par Solon et mis en place par Athènes au 6è siècle avant notre ère, prévoit que le peuple se donne les moyens de se gérer directement ou par l’intermédiaire de représentants. Le principal outil en est le vote, c’est-à-dire l’expression par chacun de son choix, chaque voix compte et doit être comptée. C’est la base même de la démocratie.
Dans la plus vaste démocratie du monde qui est celle qui a institué la démocratie dès 1789 à Philadelphie, là où les derniers décomptes et débats ont lieu, et même si les pères de la première Constitution se méfiaient des citoyens, l’élection du Président américain constitue l’aboutissement de nombreuses étapes, des primaires du New Hamsphire à l’Inauguration Day à Washington.
Pour décider indirectement de qui sera l’un des hommes les plus puissants du monde et leur 46ème président, les citoyens américains viennent de nous offrir le spectacle passionnant, en « live », de la fabrique de la démocratie avec ses longueurs, ses incertitudes, surtout ses fantassins et milliers de « petites mains ».
L’échelle donne le vertige ! Après le 3 novembre 2020 pour la démocratie américaine, ce sont plus de 144 millions de bulletins de vote à dépouiller pour connaître les résultats tant attendus ! Un processus traditionnel, à la fois complexe, lent et bien huilé qui a déjoué les prévisions des sondages.
Dans l’un des pays les plus avancés en technologie, il est formidable de remarquer que ce sont encore les méthodes les plus simples qui assurent les opérations les plus délicates. Dans ce pays immense, où tout va vite, quelquefois trop vite, la mise en place de la démocratie prend du temps, beaucoup de temps, quelquefois plusieurs jours, voire des semaines en cas de contestations.
La « fabrique » de cette grande démocratie est confiée à des milliers de femmes et d’hommes bénévoles qui, des heures durant, vont assurer ces opérations de vote puis de dépouillement. D’abord, s’assurer que chacun apporte sa voix, accueillir les citoyens qui se présentent pendant des semaines dans les bureaux, puis, après la clôture du vote, ouvrir chacune des 144 millions d’enveloppes, déplier chacun des bulletins, le lire, noter chaque réponse puis compter les voix pour chacune de ces réponses, les recenser dans des tableaux puis rassembler ces chiffres au niveau de chaque comté, tous ces gestes essentiels et délicats sont effectués conjointement par deux assesseurs, un pour chacun des deux grands partis candidats et sous les yeux de contrôleurs.
L’irruption de la durée et de gestes de l’artisanat dans ces régions si proches de la Silicon Valley peuvent produire des images contrastées. Pas de robot, pas d’ordinateur pour donner les résultats mais des citoyens volontaires pour servir la cause à laquelle ils croient et qui les dépasse. Des images émouvantes qui, derrière les statistiques, cartes et calculs digitaux des TV en direct contraintes de respecter le rythme lent des dépouillements, nous permettent d’apercevoir ces fantassins de la démocratie avec leur visage, leurs mots, leurs émotions, leur engagement local, dans leur Etat, leur comté. Ces femmes et hommes dévoués qui, au milieu d’une terrible pandémie et malgré les heurts politiques, ont choisi de participer ensemble avec patience et fierté à la fabrique de leur démocratie.
Aujourd’hui, comme dans tant d’autres démocraties, c’est bien au peuple qu’il revient de la mettre en place. Cela apparaît évident, nécessaire, voire indispensable pour construire et garantir les bases de ce système de gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. C’est sa noblesse. C’est ainsi que se forge le respect. Car, soyons clairs, ce système lourd exige des citoyens respectueux, même vertueux, pour le faire fonctionner. Et cette qualité première, la vertu, s’assure par la mobilisation, l’engagement de gens sincères dans les bureaux et opérations de vote avec peu de ratés dans le pays.
Ce recours au traditionalisme, voire à l’archaïsme de gestes humains dans la nation la plus technologiquement développée, quand elle choisit, décide de qui la gouvernera, prend ainsi une dimension impressionnante, quasi mystique.
Lyne Cohen-Solal
Paris le 7/11/20
jeudi 8 octobre 2020
Marc Audibet
Marc Audibet is a fashion designer, a Couturier and an industrial designer:
- Creator for the story he tells with his clothes
- Couturier by his knowledge of the cut and the material
- Designer because he wants to meet the need and the utility by
search for beauty and arouse emotion.
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